Aldéas

Ici, tout est gratuit !

Interview #05 - Yerim, le passionné qui ne sait pas s'arrêter

Rappel : Les Interviews Créatives ont pour but de présenter des créateurs anonymes ou presque sur internet, leur parcours, leurs œuvres et leur façon de voir la création. Si vous voulez participer à une interview n'hésitez pas à me contacter. Partagez. C'est important de partager ces posts là, plus que le reste de ce blog, car ils ne me concernent pas.

Aldy : Bonjour Yerim ! Permet moi de te présenter pour ceux qui ne te connaissant pas, tu es un Belge qui ne confirme, ni n'infirme jamais rien ! Avant d'aborder ton travail créatif en tant que tel, voudrais tu te présenter plus en détail, nous parler un peu de ton parcours ?

Yerim : Bonjour ! En ce qui me concerne et ce qui concerne mon parcours… C'est sûrement trop long pour une introduction. Mais on peut faire un petit résumé. Sur le plan "professionnel", après le CESS (le BAC belge) j'ai voulu être enseignant et j'ai adopté la philosophie du "quand on veut on peut". Mais il s'avère que ce fut un échec particulièrement douloureux dont j'ai eu beaucoup de mal à me relever. J'ai connu une traversée du désert qui n'a pas franchement pas amélioré ma confiance en moi. Cela dit, ça ne m'a pas empêcher de beaucoup écrire, de réaliser des procès sur AAO (1) et de mettre sur pied un JDR. En fait, je pense même que ces projets ont, en partie, contribué à ce que je garde la tête hors de l'eau dans la période difficile. Mais en ce moment, ça va mieux. J'ai trouvé un emploi et même si ce n'était pas mon objectif au départ, ça aide beaucoup et pas que financièrement. Sur le plan personnel… Je viens de le dire, je suis quelqu'un qui manque de confiance en lui. Même si… Là aussi, ça va mieux. Je suis d'ailleurs en pleine phase de découverte à propos de moi-même. Et… Voilà. Je vais en rester là sinon je vais raconter ma vie.

(1) Ace Attorney Online, un site/forum de création de fangame Ace Attorney

Aldy : Mais justement ! La vie des créatifs n'est pas quelque chose a ne pas prendre en compte a mon sens. Avant d'aborder le début de tes créations j'aimerais revenir sur ton parcours. Tu as voulu être enseignant et j'imagine donc que tu as un esprit pédagogique et l'envie de transmettre ! J'imagine d'ailleurs que tu as un parcours plutôt littéraire. Est ce que ton parcours, ce bagage influence ta créativité ! Même après avoir laissé cette voie ?

Yerim : C'est possible. Disons qu'être enseignant oblige un peu à toucher à plein de domaines différents. Surtout le genre d'enseignant que je voulais être qui doit couvrir le maximum de matière plutôt que se spécialiser dans une. J'ai certes axé mon mémoire sur le vocabulaire et les jeux de langage mais… Tout ce qui est d'ordre philosophique ou psychologique aide beaucoup quand on veut créer des histoires. Et en parlant d'histoire… L'histoire elle-même est un bon bagage aussi. Enfin, on y pense sans doute moins mais… La pédagogie est un atout majeur. Mais pas de la façon dont on s'y attend. C'est sûr qu'avoir des notions aident à transmettre. Mais la vraie force de la pédagogie, c'est le côté préparation.

J'ai souvent préparé mes sessions de JDR comme je préparais des leçons. Et c'est un excellent parallèle ! Car, quand on prépare une leçon, on doit envisager tous les cas… Y compris ceux amenés ou provoqués par les élèves. Et bien, un MJ avec ses joueurs, c'est pareil. Un créateur de procès sur Ace Attorney Online avec les joueurs, c'est aussi pareil. C'est moins vrai pour les récits écrits… Mais là, l'autre aspect, celui de la transmission, redevient plus fort. Donc oui, je pense que ça m'influence tant consciemment qu'inconsciemment. Ca et d'autres choses. Je pense qu'on est tous le résultats de multiples influences.

Aldy : On vois immédiatement que tu es quelqu'un de très organisé. Les multiples casquettes de tes projets méritent qu'on s'y attarde un par un, alors j'aimerais d'abord revenir sur ton écriture. A l'heure actuelle, il semble que ce n'est pas le support que tu privilégies, en tout cas il n'y a pas de projet en cours de route lié à l'écriture seule. Mais as tu déjà eu un projet d'envergure ? Qui est encore d'actualité mais dans les cartons ? Quels sont tes écrits dont tu es le plus fier ?

Yerim : Je ne sais pas si je suis organisé. Je le suis en apparence. Ce qu'il faut savoir c'est que je suis plutôt fort pour la théorie. La pratique c'est souvent plus… Chaotique, dirons-nous. En ce qui concerne l'écriture à proprement parler, j'ai surtout écrit de petits textes. Des écrits philosophiques, théologiques, pédagogiques ; bref des écrits très théoriques (justement) et… Très honnêtement, souvent compliqués pour un lecteur non averti. D'un autre côté, j'avais aussi, au moment où j'étais dans ma fameuse traversée du désert, tenu une sorte de journal. Ce n'était pas vraiment un journal intime. Plutôt un recueil de mes pensées. Je ne dirais pas que j'en sois fier car il contient des passages particulièrement… Peu glorieux. Mais d'un autre côté il contient aussi tous les aspects positifs de l'époque. Donc je ne peux pas dire non plus que je n'en suis pas fier. Sinon, je n'ai jamais eu de projet d'envergure au niveau écriture du style roman ou même nouvelle. Les seuls contre exemple sont dans le cadre de mes études d'enseignant justement. Et là, ce dont je suis indiscutablement le plus fier, c'est la rédaction du texte de la pièce de théâtre dans le cadre d'un projet durant mes études pour devenir enseignant. On avait un gros projet de voyage de groupe en vélos pour aller d'écoles en écoles, loger sur place et, en échange, jouer une pièce de théâtre pour les enfants. Dans ce projet, j'étais donc en charge de l'écriture. Le projet a un été un succès au delà de ce qu'on espérait. Pour ce qui est des cartons au niveau de l’écriture seule… Et bien je ne pense pas en avoir. J'ai bien des idées mais ce n'est jamais pour de l'écriture seule. L'écriture seule, c'est souvent exceptionnel, quand une idée fulgurante me traverse l'esprit et j'en fait un petit texte.

Aldy : Toutes mes félicitation pour ce projet en tout cas, c'est toujours gratifiant quand un projet d'envergure dans lequel on investi tu temps fini par aller au delà de ce qu'on imaginait. Pour continuer sur tes créations, tu as plusieurs fois mentionné Ace Attorney Online. Nous nous sommes rencontrés à cet endroit justement. Pour replacer le contexte pour les lecteurs, Ace Attorney est le nom donné à la série des Phoenix Wright, le jeu d'enquête ou on incarne un avocat de la défense, et AAO est un forum qui permet grâce à un éditeur, de créer soi même un jeu dans la même veine. Tu es un membre important et reconnu de la plateforme, peux tu donc nous parler de ton parcours là bas, de tes créations, tes projets, et où tu en as vis à vis d'AAO aujourd'hui ?

Yerim : Je suis arrivé sur le site via… La musique. Et la première page du site que j'ai vue est la page où étaient enregistrées les remix des musiques des jeux utilisable directement dans l'éditeur (que je ne connaissais pas encore) sans avoir à utiliser de lien externe. Je suis resté longtemps "dans l'ombre" sans m'inscrire. Durant cette période, j'ai mis sur pied le script de mon premier procès que je ferais avec l'éditeur. Une fois prêt, je me suis inscrit avec le pseudo sous lequel on me connait maintenant et j'ai sorti la partie 1 de mon procès. La seconde allait suivre. Il faut savoir que je suis un grand fan des histoires d'enquêtes et/ou de procès. C'était une expérience très enrichissante. Ce premier procès en deux partie a longtemps été listé dans les coups de cœur francophones du site et j'en suis très fier.

J'avais par la suite publié la première moitié (les deux première parties) du deuxième procès. Malheureusement, c'est à ce moment précise que ma situation personnelle a dégringolé. Du coup… A l'heure actuelle, la deuxième partie n'est pas sortie. Et même si je sais toujours qui est l'assassin et comment il a procédé, ayant perdu le reste, je ne sais pas si je sortirai un jour la suite. Si je devais me relancer sur AAO, je pense que je repartirais sur autre chose. Mais ça demande un investissement que je ne peux pas fournir pour le moment car je suis en plein stage de nomination. Quand les choses se seront calmées et posées au niveau personnel et professionnel… J'envisagerai de me replonger là dedans.

Globalement, je suis donc actuellement devenu un membre passif. Mais AAO reste une part importante, très importante même, de ma vie et ce, pas uniquement pour le côté créatif. Et même en ce qui concerne le créatif… Ca ne se limite pas que aux jeux Ace Attorney. J'y ai créé des personnages pour les jeux de rp ; j'y ai rédigé une nouvelle dans le cadre d'un concours… Vraiment, comme je disais, c'est une étape majeure dans ma vie personnelle.

Aldy : Je peux comprendre, ce lieu a été un endroit, une étape charnière dans mon parcours à moi aussi. Fort de ces rencontres, tu t'es ensuite plongé dans le milieu du JDR, le jeu de rôle sur table et… Je crois pouvoir dire sans me tromper que tu y est coincé pour de bon. Avant de parler de ta facette en tant que MJ, j'aimerais t'aborder en tant que joueur. Qu'est ce que tu aime dans le JDR ? Dans les personnages que tu incarne ? Et le fait que tu sois autant porté sur le scénario, est-ce que cela fais de toi un super enquêteur dans un JDR ?

Yerim : Alors, dans le fait d'être joueur… J'aime effectivement bien le scénario. Découvrir l'histoire, révéler des mystères… Poser des questions et y réfléchir. Malheureusement, je suis un peu en joueur de JDR comme je suis dans la vie : beaucoup de chose se passe mentalement et finalement peu activement. Du coup je suis parfois plus passif que d'autres joueurs. Même si j'ai de temps en temps de gros impacts, positif ou négatif, d'ailleurs, je ne suis pas un joueur qui va fréquemment avoir de l'impact. Dans tous les cas, j'essaye que mon impact soit "rp" c'est-à-dire, en accord avec le personnage que je joue, son caractère dans la situation et le contexte général. Et parfois, les décisions prises sont… En désaccord avec ce que moi je ferais. C'est parfois très compliqué, j'ai en tête deux exemples… Mais c'est aussi ça le fait de créer un personnage : savoir que la création n'est pas le créateur et inversement. D'un autre côté… J'aime beaucoup l'idée de me dire qu'il y a toujours une part de nous dans chaque personnage qu'on crée. Et à plus forte raison un personnage qu'on joue. J'en suis même entièrement convaincu, j'ai un de mes personnage de joueur qui m'a d'ailleurs probablement (avec certes d'autres facteurs) pas mal aidé à me découvrir personnellement. Donc en gros, ce que j'aime bien en tant que joueur, c'est le scénario, l'histoire ; l’univers même que le MJ va nous permettre de découvrir, vivre, explorer. Mais j'aime au moins autant le personnage que je dois jouer. Car c'est un peu la rencontre entre deux créations qui doivent co-exister… Mais là je commence déjà à déborder sur ma vision du JDR en tant que MJ !

Après, est-ce que je suis un super enquêteur ? J'aime bien l'idée. Mais autant je suis fan d'enquête comme je le disais… Autant je ne sais pas si je suis doué pour les résoudre. J'aime les mystères mais je passe souvent à côté des solutions.

Aldy : Tu débordes, et bien plongeons y ! Et vu que tu me semble clairement lancé sur cette voie, comment tu vois justement le JDR en tant que MJ ? Qu'est ce qui change fondamentalement par rapport à ta facette de joueur ? Comment arrives tu à gérer tous tes joueurs, l'avancée du scénario ?

Yerim : Alors. Un vaste sujet. En gros, je compare souvent le JDR comme une partition. Le MJ comme chef d'orchestre. Les joueur joueurs d'instruments. En gros le parallèle est le suivant : chaque joueur apporte ce qu'il a à apporter. Son personnage, sa façon de jouer, ses envies, ses idées. Le MJ est celui qui va guider les joueurs et harmoniser au mieux l'ensemble. J'aime donc beaucoup faire la comparaison avec l'orchestre… Mais ça s'arrête là. Souvent, l'orchestre suit une partition déjà écrite à l'avance. Le JDR… Ce n'est pas ça. Bien entendu, il faut quelque chose à l'avance. Un minimum qui permette à tout les participants d'avoir une base commune. Pour le reste, contrairement à l'orchestre qui va suivre sa partition, le groupe de JDR va créer sa propre partition. Et c'est là que ça devient intéressant.

Chaque joueur, je l'ai dit, apporte plein de choses différentes. Le MJ, tout en apportant ses propres choses, est celui qui doit veiller à ce que tout puisse rester cohérent, à ce que les différents apports des joueurs puissent s'harmoniser. Et, sans dénigrer le travail de préparation qui est en amont, cette partie là du rôle de MJ est colossale. Les deux aspects demandent de la création. Mais la préparation ne demande pas d'improvisation. On ne peut pas se permettre de réfléchir de longues minutes quand on doit s'adapter. On est donc dans des processus de créations complémentaires mais différents.

Et là où un joueur doit veiller à tout ça pour son personnage… Le MJ doit le faire pour tous les personnage… Ainsi que l'histoire et son univers. Et ceci est vraiment la grande différence entre le joueur et le MJ. Le MJ a énormément d'avantage de par sa position dans le jeu et de par le fait qu'in fine, c'est lui qui décide. Mais ces avantages ne viennent pas gratuitement ; le MJ a bien plus de facteurs à gérer qu'un joueur. Ce qui, du coup, fait une belle transition sur la gestion. L'avancée du scénario, c'est la partie la plus simple. Du moins, durant mon expérience en tant que MJ, je n'ai pas eu de difficulté à ce niveau. Je procède de la sorte : je m'arrange toujours pour définir au moins trois grandes lignes. Sans les détails. Et j'essaye d'intégrer ces grandes lignes sous forme de choix dans le jeu et laisse les joueurs choisir. Ces grandes lignes évoluent avec le temps, peuvent augmenter en nombre (ou diminuer)

De là, je veille à la cohérence générale, je balise le minimum requis pour que ça offre une histoire tout de même intéressante et qui ne change pas toutes les 3 séances afin d'avoir quand même un schéma narratif général correct. Schéma narratif qui peut évoluer et qui, en dehors du besoin de cohérence et des grandes lignes, n'est pas définitivement imposé. Il faut souvent prendre le temps, entre les séances, d'analyser ce qu'il s'est passer et ce que ça implique afin d'offrir des suites cohérentes ET intéressantes. Les deux sont importants. Si c'est intéressant mais incohérent, ça ne va pas laisser de bonnes impressions. Quand on y repensera, on risque fortement de tomber dans la situation où on se dit "ça avait du potentiel mais ça n'a rien donné". Et si c'est cohérent mais inintéressant… Ai-je vraiment besoin de dire en quoi c'est un souci ?

L'un ne doit pas être sacrifié pour l'autre. Trop chercher la cohérence/le réalisme risque de briser l'intérêt. Vouloir se montrer trop attractif et partir trop loin risque de rendre le JDR inconsistant et illogique. Il faut donc savoir garder un équilibre entre les deux. En ce qui concerne les joueurs. C'est très compliqué. Vraiment très compliqué. Et ça dépasse de très loin le cadre de la création. Pouvoir plaire à tout le monde, c'est possible… Mais pouvoir plaire à tout le monde EN MÊME TEMPS ? Non. Surtout dans le cadre d'un JDR. Il faut parfois prendre des décisions qui vont forcément déplaire à quelqu'un… Et j'avoue que c'est un peu ma faiblesse en tant que MJ. Et ça, c'est encore sans parler de réussir à réunir tout le monde ; gérer les humeurs éventuelles des présents ; faire face aux conflits… On dirait presque que gérer les joueurs, c'est une corvée. Et bien… Non. Car c'est aussi ce qui, retrospectivement, me semble le plus beau. C'est justement parce que c'était compliqué et parce que, ensemble, on a mené à bien notre "partition" malgré les quelques soucis qu'après, on peut regarder le résultat avec fierté. J'en profite pour remercier les joueurs de mon JDR qui liraient cet interview. Sans eux, ça n'aurait pas été possible non plus.

Aldy : Je pense qu'au vu de l'amour que tu semble porter à ceux qui font vivre ton univers, qu'ils te rendront ces remerciement avec plaisir. Je crois savoir que ton JDR est inspiré d'une saga de roman pas forcément connue du grand public. Peux tu nous en parler ?

Yerim : Oui, absolument. C'est très librement inspiré si bien que les deux sont désormais assez bien différent. Mais oui, l'univers et même la structure de base du scénario de la première campagne ont été imaginés sur base du premier cycle d'une série de fantasy. Cette série, ce sont les Cycles de Ji. Le premier cycle ayant inspiré le JDR est appelé "Le secret de Ji" et se découpe en 4 tomes. Je ne sais pas si on peut partager ici un lien mais dans le doute, je vais donner celui qui mène à une vidéo qui présente le synopsis du premier cycle… Et qui a donc été l'exact même synopsis pour mon JDR (à une exception près, j'ai pris une période de 250 ans au lieu de 118) : https://www.youtube.com/watch?v=l4n6s2g1zZg .

Je vais le dire maintenant mais je ne suis pas objectif avec cette série dans le sens où elle a probablement - certainement même - des défauts mais je suis fan. Donc je n'ai jamais vraiment cherché les défauts et ce n'est pas quelque chose que j'ai spécialement envie de faire. Il faut savoir que j'ai lu le premier cycle, la première fois en… 2005/2006. J'ai dû patienter entre le premier et le deuxième cycle et ce fut… Long à cause d'un tout dernier paragraphe de 3/4 lignes à la fin du premier. Le troisième et dernier cycle fut, au contraire, une surprise car la fin du deuxième aurait très bien pu terminer la saga. Personnellement, je l'ai dit, j'ai beaucoup aimé et je recommande. L'histoire est toujours racontée non pas selon un point de vue narrateur mais selon le point de vue d'un personnage. Et ce point de vue alterne souvent d'un personnage à l'autre. Parfois même se retrouve-t-on hors du groupe de héros pour être, le temps d'un instant, à la place d'un des antagonistes. C'est un peu déroutant au départ car chaque personnage va forcément avoir une vision différente des mêmes événements. Mais on s'y fait rapidement et je trouve, personnellement, que ça apporte du positif au récit.

Aldy : Cette pluralité des discours et des points de vue, tu as essayé de l'apporter dans ton JDR ? Comment ?

Yerim : C'est compliqué. Le MJ a souvent besoin de décrire. La description est doublement avantageuse. Elle permet de donner aux joueurs de la matière, des éléments sur lesquels se reposer afin de jouer leur personnage, raconter leur histoire. Et la description est neutre en ce sens qu'elle n'impose pas une vision ou une autre. Quand on décrit, on doit éviter de donner un point de vue… Et pourtant, les différences de points de vue et la diversification des avis est très importante aussi. Le MJ va devoir gérer plusieurs personnages. Si tous avaient des avis et opinions similaires… Et bien, en plus d'être discutable au niveau de la cohérence et du réalisme, on aurait, en plus, un résultat très manichéen… Voir chiant. La pluralité dans le JDR ne peut pas passer par ce qui est raconté. Là, la description est le meilleur choix. Par contre, la pluralité va passer dans le comportement, les réactions, les peurs, les réjouissances ; plus généralement, les émotions des personnages.

C'est un travail fascinant et titanesque car il convient au MJ de respecter le caractère non pas d'un personnage… Mais de chaque personnage. Y compris, dans une moindre mesure, les personnages des joueurs. Et là où dans le livre, tout ça s'exprime par le récit, dans le JDR cela va s'exprimer par la prise (ou non) de parole et par les actions (ou les nons actions) des personnages… C'est d'ailleurs, parait-il, un point fort de mon JDR : cette diversité dans les personnages et leur caractère différents. Et ça n'empêche pas d'avoir, parmis les antagonistes, un méchant sorcier purement méchant. Le tout… C'est de savoir comment exprimer chaque personnage ET de le mettre en relief par la comparaison avec les autres.

Si on avait que le "méchant sorcier purement méchant", il serait… Banal. Pas amusant. Probablement pas intéressant à affronter. Mais de par sa position vis-à-vis des joueurs, des autres PNJ (qu'ils soient bons ou mauvais ; avec lui ou contre lui ; …) et des différences de comportement, il prend du relief et en donne aux autres. La pluralité est une part importante du JDR et comme presque tout dans un JDR, elle fait partie de l'ensemble. Un JDR est une combinaison d'une multitude de choses qui doivent s'associer. Et en perturber une vient perturber en cascade le reste. Par exemple, tout ce que je viens de dire ici… Peut être mis en relations avec les motivations des personnages. Et ça… C'est quelque chose qui peut évoluer durant le JDR pour, comme je le disais, une multitude de facteurs ou raisons. Et de là, influencer le comportement du personnage et ainsi de suite. En bref (pour éviter de trop déborder car une fois lancé, je ne m'arrête plus) je pense que la pluralité est importante et complexe dans un JDR mais qu'elle a tendance à surgir naturellement si on laisse chaque personnage s'exprimer (en tant que joueur et MJ… En tant que personnages vis-à-vis de personnage, c'est encore autre chose) et que, comme dans la vie réelle, les différences font la richesse !

Aldy : J'aimerais profiter de ce que tu dis pour rebondir sur un élément important : On dit souvent que un récit se qualifie souvent par ses enjeux, et la quête d'un héros, par la grandeur de son antagoniste. L'écriture de ces derniers est souvent un challenge difficile, car aujourd'hui les gens veulent des personnages plus profond que le "méchant sorcier purement méchant". Alors au vu de ce que tu nous décrit, comment les construits tu toi, ces antagonistes dans ton JDR ? Sont ils important également pour toi, dans le bon déroulement d'une campagne ?

Yerim : Les antagonistes sont extrêmement importants. J'aime beaucoup l'approche d'Alexandre Astier sur le sujet quand il dit "Les méchants peuvent être ridicules ou ne pas l'être, moi ce qui fait que je les aime beaucoup et ce pourquoi j'y tiens, c'est que techniquement un méchant ça ne s'écrit pas juste pour qu'il vienne foutre la merde. Un méchant c'est un miroir du gentil. C'est un personnage qui est fabriqué exprès pour amener le héros dans ses retranchements" car c'est justement ce dont on a besoin dans un JDR. Je dirais juste que je modifierais le terme "méchant" par "antagoniste" car, pour moi, un antagoniste n'est pas forcément "méchant". Par définition, de toute façon, un méchant n'est méchant que pour celui qui se considère gentil. C'est du jugement. Pour le "méchant" il se peut que les "méchants" soit en fait les "gentils". C'est très complexe. Mais globalement, un antagoniste doit être un moteur. Il est souvent l'origine et/ou à l'origine de ce qui va pousser le ou les héros à se mettre en route, partir à l'aventure, se battre, ou autre. Alors oui, on pourrait dire "mais certaines histoires n'ont pas besoin d'antagonistes pour que le héros se mette en route" et c'est vrai. Mais je ne dis pas que l'antagoniste est le seul type de moteur. Je dis qu'un bon antagoniste doit être un moteur. Ou mieux : il doit être un objectif. Ca peut être un petit objectif ou un majeur. Mais les antagonistes doivent toujours être lié d'une façon ou d'une autre à un objectif à atteindre. Maintenant, pour la façon dont je les construis… Je dirais que ça dépend. Pour le coup, je vais surtout parler des principaux. Pas que les antagonistes secondaires ne soient pas importants (au contraire, ils permettent de jalonner le JDR et de, justement, rendre les principaux encore plus "menaçant" par comparaison) mais je pense que c'est surtout intéressant pour les principaux.

Déjà, il faut savoir que je ne décide pas totalement de qui est ou non antagoniste. Ca peut évoluer. Je procèdeavec ce que j'appelle des "probabilités d'antagonisme" et si certains personnages sont quasiment certains de l'être, c'est plus nébuleux pour d'autres. Et ça peut évoluer. Parce que… De la même façon qu'un antagoniste doit être "un miroir du gentil, un personnage qui va amener le héros dans ses retranchements" le héro est par opposition celui qui va pousser l'antagoniste dans ses retranchements. Les héros sont liés aux objectifs de l'antagoniste. Et quand on y pense, c'est logique, sinon, pourquoi y aurait-il opposition ?

C'est généralement la question importante à se poser. Si la réponse à la question c'est "parce que l'antagoniste fait le mal"… Bah… C'est un peu faible. Il faut aller au delà. Parce que la réponse là n'est pas forcément à jeter. Mais il faut se demander "pourquoi il fait le mal ?" et s'interroger aussi sur le concept même de "bien" et de "mal" (et on revient ici sur mon parcours scolaire qui a eu pas mal de philosophie ; ça peut aider un peu) etc. Mais on peut partir sur d'autres réponses. On retrouve ici le principe de motivation dont je parlais à propos des joueurs… Sauf que, et c'est là que ça devient intéressant, le MJ ne contrôle pas les joueurs. Il doit les stimuler pour qu'ils soient motivés. Mais il ne peut pas les motiver lui-même. C'est au joueur à faire avancer son personnage selon ses motivations de joueur et celles du personnage. L'antagoniste, en revanche, le MJ a le contrôle. Et via l'opposition dont j'ai longuement parlé, il est possible de créer un jeu de motivations pour faire avancer une histoire. Et avoir plusieurs antagonistes est, selon moi, indispensable. Ca permet d'offrir des motivations diverses (qui peuvent s'opposer entre antagonistes eux-même, d'ailleurs) et donc d'enrichir l'histoire. Mais aussi, ça permet d'offrir plusieurs type de moteurs aux joueurs. Bon… C'était un peu brouillon et je suis pas sûr d'être parvenu à exprimer clairement ma position. Mais on a une bonne base. En résumé, pour moi, les antagonistes sont extrêmement importants. D'ailleurs, je suis souvent beaucoup plus attentif aux antagonistes qu'aux héros dans les œuvres. Un antagoniste réussi peut sauver une histoire médiocre à mes yeux là où un héros aura plus de mal… Et inversément, un antagoniste médiocre peut ruiner une bonne histoire (bon là, un héros médiocre risque aussi de la ruiner mais bon) Bref. Là encore, un sujet dont je pourrais parler des heures. Mieux vaut en rester là sinon on est pas sorti de l'auberge.

Aldy : Effectivement, ce que tu disais sur les joueurs et leur implication se recoupe. Aujourd'hui, ton JDR, une campagne qui s'est étalée sur un certain temps s'est terminé. J'imagine que tu en gardes un bon souvenir tout de même. Quels conseils pourrais tu donner à ceux qui aimeraient justement se lancer dans un JDR aux multiples intrigues et facettes, pour qu'ils ne coulent pas en essayant ?

Yerim : Si je savais donner des conseils de ce genre, ça ferait longtemps qu'un certain ami aurait lancé son JDR. Mais même s'il a été un de ceux, justement, qui ont réussi à ce que, moi, je me lance, j'ai été bien incapable, en plus de quatre ans, de le convaincre de s'y mettre. Malheureusement je ne suis pas doué pour les conseils et les gens le savent. Mais… Puisque la question est posée, je vais en lister quelques un. Premièrement : garder l'équilibre en préparation indispensable et improvisation nécessaire. Il faut une préparation, on ne peut pas juste MJ sans y mettre du sien en amont. Mais d'un autre côté, il faut faire preuve de souplesse et d'ouverture d'esprit : ça ne se passe pas comme prévu ? Tant pis. Ou même… Tant mieux ! La préparation, bien que capitale ne doit pas se transformer en rails dont on ne peut dévier. Je pense que ce serait justement un élément qui ferait couler un MJ et/ou son JDR. Bien sûr, il faut garder un cadre. Trop partir dans tous les sens n'est pas bon non plus car on finit par s'y perdre. Les joueurs d'abord, le MJ lui-même ensuite.

Deuxièmement : garder une vue d'ensemble. Quand on a plusieurs intrigues qui se mélangent, il faut pouvoir un moment se poser et évaluer les conséquences les unes sur les autres. C'est assez difficile à expliquer sans exemple concret… Mais on peut essayer de le faire avec la seconde guerre mondiale. Ce qu'il se passait en Europe et ce qu'il se passait du côté du Japon, c'est la deuxième guerre mondiale. Les deux côtés sont à part égale important. Maintenant c'est facile pour nous, on le voit avec le recul. Le MJ, lui, doit avoir cette vision globale alors que les évènements se jouent. S'il ne fait pas attention à ça, il peut se retrouver face à des souci de cohérence.

Troisièmement : savoir gérer l'égo. Tant le sien que celui des joueurs. C'est quelque chose d'ordre plus fonctionnel mais c'est important. Il faut savoir "calmer" les égos trop fort et faire s'exprimer les plus faibles (c'est extrêmement compliqué ; je n'y suis d'ailleurs pas totalement parvenu moi-même) afin que tout le monde puisse s'y retrouver.

Quatrièmement : ne pas avoir peur d'un rythme lent (dans l'histoire). Si le contenu est intéressant, que le rythme soit lent n'est pas un souci. Une de mes séances préférées d'Ilitia c'est justement une séance durant laquelle… Il ne se passe rien. Enfin. Si, justement. Il s'y passe beaucoup de chose. Mais rien dedans ne concerne l'intrigue. Rien dedans ne concerne un combat. C'est juste une séance où les joueurs ont décidé de… Prendre du bon temps. Souvent ellipsée (même dans Ilitia ; cette séance est une exception) elles apportent pourtant pas mal de chose. Il y a eu du lore dans cette séance. Ils ont participé à une "cavalcade" un événement sportif d'Ilitia. Ils ont pu discuter d'autre chose que de l'intrigue. Des choses aussi habituellement réservées au cadre du rp. Et du coup, ça a fait une séance où, dans les faits, au niveau du JDR à proprement parler… On a pas avancé. Mais c'était un très belle séance et je pense qu'elles sont nécessaires.

Cinquièmement : ne pas avoir peur d'accélérer. Oui, je sais. C'est l'inverse du précédent. Mais ici c'est plus dans le sens : les joueurs font du sur place, ça n'avance plus. Mais il ne font pas du sur place parce qu'ils font quelque chose d'autre, non. Ils font du sur place parce qu'ils ne parviennent plus à avancer pour x ou y raisons. Là, le MJ doit prendre ses responsabilités et débloquer la situation d'une manière ou d'une autre. Trop de "piétinnement" risque de "piétinner" le JDR.

Sixièmement : je suis pas sûr d'y être parfaitement parvenu mais… Varier les séquences. Proposer des choses qui se différencient. Pas tout le temps. Et pas forcément des choses extraordinaires. Mais par exemple : alterner entre exploration et combat. Entre infiltration et énigmes. Distiller de temps des éléments différents ça aide beaucoup ! Et… J'en oublie sûrement. Mais voilà pour les conseils !

Aldy : Finalement ca fait quand même beaucoup de conseils pour quelqu'un qui dit ne pas savoir conseiller, haha ! L'expérience est finalement le meilleur conseil qui existe. As tu des projets à venir maintenant que ton jdr est terminé ?

Yerim : Peut-être… Mais ça me frustre un peu de ne pas être assez convaincant. En tous cas, j'essaye. Et pour les projets… Oui, j'en ai. La suite du dit JDR. J'ai une deuxième campagne dont j'ai déjà les grandes lignes. Elle suit évidemment la première. J'ai tendance à me mettre pas mal la pression surtout que je sais que certains attendent cette deuxième campagne… Je ne dirais pas "au tournant" mais presque. J'espère pouvoir faire au moins aussi bien que pour la première. Déjà, en évitant certaines erreurs que j'ai pu faire durant cette dernière. Pour le reste…

Je ne sais pas trop. J'ai l'impression que j'aimerais faire des choses mais que je ne sais pas quoi. C'est un peu étrange comme ressenti. Puis faut quand même que je dise que j'ai un profil d'imaginatif plus que de créatif. C'est souvent une barrière pour moi de passer de l'idée à la réalisation. Pas que ça soit impossible, j'ai déjà prouvé que ça ne l'était pas. Mais… Disons que c'est quand même un peu une faiblesse chez moi. Donc je ne sais pas. Mais déjà un Ilitia 2 ça sera pas mal… Surtout que maintenant, j'ai un boulot ce que je n'avais pas durant les 95% de la première campagne.

Aldy : Et si tu avais un objectif, un seul, que tu voudrais accomplir avec cet Illitia 2, ce serait quoi ?

Yerim : Que les joueurs se disent qu'ils ont passé un bon moment. Que le temps qu'ils ont investi ne soit pas du temps "perdu". On est dans une société où le temps est une ressource importante. Et on est souvent confronté à choisir quoi faire de son temps libre. Ma plus grande crainte, vraiment, ce serait qu'ils aient ce sentiment qui consiste, en résumé, à se dire qu'ils auraient peut-être préféré faire autre chose. Et je dis les joueurs mais, histoire de suivre des conseils qu'on m'a donné : ça vaut pour moi aussi. En gros, j'aimerais qu'Ilitia 2 soit un JDR qu'on a envie, tant joueurs que MJ de faire avancer. Voilà. C'est sans doute un peu cliché et j'ai hésité avec le fait de "apporter des réponses aux questions, raconter un univers cohérent qui intéressent les joueurs" mais je pense que ce deuxième objectif entre dans le premier. Alors que l'inverse n'est pas forcément vrai. Du coup, je vais rester sur cette réponse !

Aldy : Je trouve que c'est justement une très belle réponse ! Une dernière chose avant de nous quitter, je propose à toutes les personnes qui passent par les interviews de proposer un ou plusieurs créatifs sur internet qu'ils jugent trop peu visible et qui méritaient qu'on s'y attarde. Aurait tu des gens à nous présenter, et des liens ?

Yerim : Alors. Je vais présenter quatre chaines youtube Je sais pas si elles sont trop peu visibles mais… Bah, c'est ce que j'ai envie de mettre ici en avant.

1) https://www.youtube.com/channel/UC-4WUubuVGowG_R7gdgesPA Une chaîne assez bien dans le thème de l'échange qu'on vient d'avoir. Il y est question d'analyse de personnages et, plus récemment, de créatures. S'il y en a une des quatre que je dois sortir du lot… C'est celle-ci.

2) Toujours en lien avec l'échange qu'on a eu, une chaine dont les musiques m'inspirent souvent pour créer… Si bien que certaines se retrouvent en musique d'ambiance pour mon JDR, justement : https://www.youtube.com/channel/UCCL6Ou2wBMju7Ox-InSLFkw

3) … Sans rapport cette fois et peut-être un peu surprenant : https://www.youtube.com/channel/UCFXc5nAao6554AIXlN9KgwQ Il faut savoir que j'ai passé pas mal de temps étant jeune (et ça m'arrive encore) à créer des niveaux de Mario ou Yoshi. Cette chaîne est donc pour moi très amusante… Et parfois même instructive.

4) La dernière et sans doute déjà plus visible que les autres (si j'en crois le nombre d'abonné. Est-ce qu'on peut se fier à ça ? Je ne sais pas mais j'ai pas d'autre élément sur lequel m'appuyer) https://www.youtube.com/channel/UC-4WUubuVGowG_R7gdgesPA Globalement et parce que je ne pouvais pas répondre à cette question sans y apporter quelque chose en lien avec la connaissance et/ou l'apprentissage, je parle de cette chaîne pour la série des "idées reçues" qui consiste à, via des vidéos courtes, démonter des idées reçues avec un peu d'humour. Voilà voilà. J'espère que ça aura répondu à l'attente !

Ho. Et sinon. Je recommande Pierre Grimbert. Techniquement, je l'ai déjà plus ou moins fait ET il n'est pas vraiment un créatif d'internet. Mais tant que j'y suis, j'en profite !

Aldy : Je te remercie en tout cas de m'avoir accordé de ton temps pour répondre à mes questions, ce fut un plaisir !

Yerim : Tout le plaisir était pour moi ! Ça fait toujours plaisir de voir de l'intérêt porté à son travail. Je ne manquerai pas d'aller lire le résultat une fois publié. En j'en profiterai pour lire le reste car j'ai préféré ne pas lire les éventuels autres interview avant d'avoir terminé le mien comme ça j'évitais des influences externes inconscientes. Un grand merci pour cette interview !

Si vous ne voulez pas manquer les prochaines interviews sur le blog, n'oubliez pas de vous abonner :

[newsletter_form type="minimal" lists="undefined" button_color="undefined"]

Interview #04 - Albar, le romancier plein de magie

Rappel : Les Interviews Créatives ont pour but de présenter des créateurs anonymes ou presque sur internet, leur parcours, leurs œuvres et leur façon de voir la création. Si vous voulez participer à une interview n'hésitez pas à me contacter. Partagez. C'est important de partager ces posts là, plus que le reste de ce blog, car ils ne me concernent pas.

Aldy : Bonjour Albar ! Je te présente rapidement pour les personnes qui ne te connaissent pas, mais tu es donc un gros nounours qui aime écrire des horreurs ! Mais avant toute chose, est-ce que tu as envie de te présenter un peu plus ? Est-ce que tu peux nous parler de ton parcours à titre personnel ? Avant d'attaquer ton parcours de créateur en tant que tel

Albar : Alors, bonjour Aldy. Si je devais décrire mon parcours, je dirais que ça a été les montagnes russes : un début en montée relativement tranquille, presque ennuyeux, puis... Des hauts et des bas assez chaotiques, notamment du côté de mes études. Je m'y accroche, car mon objectif derrière est de devenir professeur de mathématiques, mais l'écriture m'a également accompagné tout au long de mon parcours, tant dans les bons que les mauvais moments.  Au-delà de ça, je suis quelqu'un de plutôt placide, un peu pervers, et un gros mangeur. D'ailleurs, pro-tip pour tout le monde : tous mes protagonistes aiment la nourriture, alors si vous tombez sur un personnage dans mes œuvres qui dit explicitement qu'il n'aime pas particulièrement ça... Méfiez-vous de lui. Et faîtes pareil avec les gens IRL aussi.

Aldy : Je ne peux qu'approuver tes dires en ce qui concerne la nourriture ! Avant de rentrer dans ta création en tant que tel, j'aimerais revenir sur ton parcours, atypique, fait de haut, et bas... Est-ce que ce parcours t’a influencé, de diverses manières, tout au long de ta création ? Est-ce que les hauts, comme les bas, t'ont apporté quelque chose, ou t'ont coupé de ton inspiration ? Est-ce qu'il y a une réelle répercussion pour toi de ton vécu sur ce que tu crées ?

Albar :  Bonne question... Oui, dans la mesure où il m'a profondément changé et où il m'a fait devenir un peu plus... Humble on va dire. Mais est-ce que ça a directement influencé mon écriture? Dans ses thématiques, je dirais oui : ce n'est pas pour rien si le protagoniste de mon roman commence dans une Académie, même s'il n'y reste que pour le chapitre d'exposition. Je pense que la démarche d'auteur ce n'est pas juste de raconter une histoire, mais bien de réfléchir et d'amener à faire réfléchir sur des thématiques plus ou moins personnelles. En cela, oui, ça a affecté ce que j'écris. Et de façon plus terre à terre... Ça fait un an que je n'avance plus parce que je manque de temps. Ça aussi, c'est une répercussion, même si elle est moins sexy.

Aldy : Pour ceux qui n'en vivent pas, le manque de temps est l'ennemi le plus cruel qui soit pour la création. Néanmoins, et c'est là que je vais aborder le cœur du sujet en tant que tel, tu fais partie de ceux qui peuvent se targuer d'être allé au moins une fois au bout d'un projet créatif. Tu as écrit un livre, le premier de ta série. Et tu sais ce que j'en penses, j'aime énormément et je trouve que tu as beaucoup de talent. Tu es un écrivain ! Mais avant d'aborder ton roman en tant que tel, j'aimerais bien revenir a ce qui l'a précédé. Ton roman s'intègre donc dans une saga nommée Le Sixième Fléau, mais avant cette saga, il y a t'il eut d'autres projets ? Sur quoi écrivais tu ?

Albar : Oh oui, il y en a eu, mais assez peu. Mon premier projet était un roman absolument ridicule dont j'ai détruit absolument toute trace, que j'avais commencé en 3ème et bourré de selfs insert absolument honteux. J'écrivais aussi des petits sketches pour le fête de mon lycée à laquelle je participais chaque année, j'avais même envisagé de tenter un peu le stand up à une époque. Puis j'ai découvert les forums RPG quand j'avais 17 ans, et c'est là que j'ai créé ma première version d'Albar, un des protagonistes du Sixième Fléau. C'est aussi là que j'ai rencontré la femme de ma vie, mais c'est un détail. Puis, des projets en rapport avec les forums (administration, évents, etc.), une petite écrite journalière sur Bioshock Infinite, et ma tentative de transposition en série audio sur Youtube, quelques débuts de fanfics gardés pour moi, etc. Mais l'idée d'un roman ne m'avait jamais vraiment quitté, et j'ai dû commencer le Sixième Fléau il y a... 6 ans? 7? J'ai travaillé dessus pendant un an avant d'en faire une réécriture complètement, pour donner le roman qu'on a aujourd'hui, qui a été souvent peaufiné, parfois modifié, mais qui a toujours gardé la même structure. Ah et, j'ai écrit une première nouvelle dans cet univers, cet été, et je pense que c'est le début d'un recueil entier.

Aldy : On comprend donc que tout au long de ta création, tu as fini par te recentrer, et te concentrer, sur ton roman, Le Sixième Fléau. Peux-tu nous le présenter ? Nous présenter son univers, et de quoi ça parle ?

Albar : Alors, c'est un gros morceau, et j'ai bien peur d'en parler pendant beaucoup trop longtemps si je m'écoute. C'est un monde médiéval fantasy, où on se penche sur un Royaume particulier appelé l'Isiria. La magie est omniprésente dans ce monde-là, étudiée, expliquée au moins en partie, et massivement utilisé par les élites. Tout le monde ou presque est mage, mais peu de gens ont l'éducation nécessaire pour l'utiliser. Une petite partie de la population, cependant, naît sans pouvoir l'utiliser et en y étant insensible. Le protagoniste principal du Sixième Fléau, Edwin, est un de ceux-là, ou tout du moins le crois-t-il, parce que, tatatam, tout n'est pas aussi simple qu'il pouvait le croire ! Et sinon, pour ceux qui se demandent pourquoi on parle de "Sixième Fléau", c'est lié à l'histoire de ce monde : cinq Fléaux ont déjà frappé l'Isiria, des catastrophes titanesques qui ont bouleversé le monde. Pensez un peu à la peste noire, ou à la grippe espagnole, en terme d'importance. Au début du Roman, on est en l'an 371 du Renouveau, 371 ans après le Cinquième Fléau, que certains théologiens estiment être le dernier. Ils n'ont pas lu le titre du cycle.

Aldy : Tu dis que tu as beaucoup retravailler ton roman. Mais quels sont les aspects que tu as retravaillés ? Qu'est qui a changé dans ta manière de l'écrire ?

Albar : La réécriture a porté sur deux choses : l'univers tout entier, et le personnage principal. Ma première version du monde était dans un médiéval assez réaliste et où la magie était extrêmement rare et cachée, un peu comme dans Eragon, par exemple. C'était un univers assez gris et froid, ce qui n'est pas nécessairement une mauvaise chose, mais aussi assez terne, et qui ne collait pas avec ce que je voulais faire de l'histoire. J'ai donc repensé le monde de A à Z avec quelques rares choses qui sont restées en place. Quant au personnage principal, celui qui serait amené à devenir Edwin était une page blanche dans le premier jet, uniquement intéressant par son évolution. C'était le plus gros échec du roman selon moi, et une grosse partie de ma réécriture a été de lui donner une vraie personnalité, et de lier ça avec les thèmes que je voulais explorer : les limites du pacifisme, le choix difficile de la "bonté", le refus de donner la mort, etc. Quant aux ajustements qu'il y a eu plus tard, il s'agissait majoritairement de raccourcir une intrigue que j'ai tendance à laisser traîner, à trop vouloir prendre mon temps, et à mieux distiller les informations sur l'univers pour éviter l'info-dumping. Je corrige mes défauts naturels on va dire, pour rendre ça le plus agréable possible à lire.

Aldy : Il semble effectivement que l'expérience acquise sur ton premier roman, et cette première nouvelle, as amélioré ta plume. Tu dis que tu as passé 6 a 7 ans, moins cette dernière année où tu as moins le temps de te pencher sur tes écrits, pour réaliser ces deux premiers textes, même si l'un est beaucoup plus conséquents que l'autre. Penses-tu que tu pourras écrire le tome 2 plus rapidement ? Tu abordes comment l'écriture du tome 2 ? De manière plus sereine ?

Albar : Dans l'absolu je pense que oui : j'en suis déjà à la moitié et ça m'a pris... 1 an et demi, je dirais? Alors que je jonglais avec la correction du tome 1 en même temps - que je n'ai toujours pas finie d'ailleurs. Et je pense en effet qu'il y a une sorte de sérénité, de tranquillité qui s'est installé : finir le premier tome, c'était déjà un sacré défi en soi, alors une fois ça fait, malgré tout le travail qu'il me reste dessus... Bah ça aide de savoir que j'ai cette base-là. D'autant qu'après mon tome 1, j'étais très excité à l'idée de commencer le tome 2, raison pour laquelle je n'ai pas pu attendre d'avoir terminé les corrections. Si je n'avais pas eu ma pose d'un an et demi... Je pense que le tome 2 serait déjà terminé, au moins dans son premier jet.

Aldy : J'ai une question, plus personnelle à te poser. Il y a un cap à franchir, qui débloque tout le processus créatif je trouve, mais qui semble être une montagne à franchir : Terminer son premier roman. Une fois qu'on a atteint ce stade, on a l'impression que... Tout le reste est facile. Combien de fois j'ai vu des gens talentueux arrêter en cours de route, car ils n'ont jamais trouvé la force de terminer la première pierre de leur édifice. Il y a probablement des gens dans ce cas-là. Et toi, toi tu as réussi à concrétiser ton roman. Même si ça t'as pris énormément de temps. Comment as tu fais ? Quels conseils pourrais-tu donner ?

Albar : Alors, au risque de paraître prétentieux - parce que je ne suis pas sûr d'être légitime à donner des conseils - je dirais que... L'inspiration est mauvaise conseillère. Parce que, en toile de fond, le conseil honnête c'est 'accrochez-vous", mais bon, quand tu lis ça, ça te fait une belle jambe. Une chose difficile à gérer c'est, selon moi, les moments fatidiques où l'inspiration vient à manquer. Et dans ces moment-là, ce que je préconiserais, c'est juste de se faire violence et d'écrire quand même. Pas forcément tous les jours, pas forcément des pages et des pages, mais d'avancer, à un rythme où on a l'impression soi-même d'avancer. Au pire c'est pas grave, ça pourra être corrigé à la relecture, ou bien ce sera très bien, ou bien c'est un moment de transition dans l'histoire qui n'est pas forcément passionnant... Il en faut, ce n’est pas grave, ça reviendra tôt ou tard, et c'est en écrivant et en avançant que ça a le plus de chance d'arriver. La seule activité que j'estime nécessaire chaque jour, c'est de penser à son roman. Pas forcément le réinventer ou écrire la fin dans sa tête, mais juste faire vivre l'univers, au moins dans son esprit à défaut du papier. Enfin, de l'ordinateur.

Aldy : Je ne pourrais que saluer ces conseils, qui sont les même que j'applique moi-même, et qui peuvent effectivement permettre de surpasser cette page blanche. En parlant justement d'inspiration, quelles sont les tiennes pour le Sixième fléau ? Quels sont les créateurs, ou les œuvres qui ont été marquantes dans ton parcours ?

Albar : Il y en a eu beaucoup, à divers degrés bien sûr. Mes premiers romans un minimum sérieux ont été Harry Potter et Eragon, sans parler de tous les films et dessins-animés qui ont marqué mon imaginaire, parmi lesquels, Le Seigneur des Anneaux bien évidemment, suivi de Narnia, dont j'ai découvert les romans plus tard. Pour des inspirations plus directes, je citerais Dragon Age, le RPG de Bioware - jouez-y, c'est bien - dont l'univers m'a énormément inspiré et auquel je rends quelques petits hommages dans les noms, notamment. Il a aussi le génial intérêt de complètement spoiler la fin de ma saga : un arc de la série reprend en effet - dans les grandes lignes - les mêmes ressorts que mon acte final. Donc bon, voilà voilà, il va falloir serrer les fesses contre les accusations de plagiat d'ici quelques années, je le sens venir.

Je citerais également Final Fantasy, en particulier le XII, comme source d'inspiration, notamment pour mon world building. Ce monde de jeu vidéo où les villes sont entrecoupées de contrées sauvages et dangereuse a toujours été une forme d'univers qui me plaisait, et que j'avais envie de traiter de façon réaliste, sans compter cette surabondance de magie dans un monde qui ne se rend même plus compte d'à quel point elle est extraordinaire, tant elle est banalisée.

Je pourrais continuer à donner des noms encore et encore... Supernatural, Game of Thrones, la Saga du Sorceleur, les jeux vidéos Witcher aussi tiens, Avatar le dernier Maître de l'Air, Korra aussi tiens, et plein d'autre... Mais ça n'aurait guère d'intérêt, à moins de vouloir décortiquer chaque point précis que ces éléments ont apportés. Car c'est en grande partie ainsi que je fonctionne : par citation et réappropriation. Une idée me parle, me plaît, et elle s'installe dans ma tête où elle mûrit pour mieux s'imbriquer dans mon univers et s'articuler avec ce que j'ai déjà construit, se mêlant aux miennes et aux autres idées ainsi... Bouturées, j'ai envie de dire.

Aldy : Ce que tu me dis me donne envie d'aborder justement ce sujet avec toi : Contrairement à beaucoup d'auteurs, tu assume, tu revendique même ces inspirations. A notre époque où les critiques sur le plagiat, les inspirations trop absorbées sont véhémentes, et ou l'impression que la culture stagne, entre les reboots, les repompages peu assumés remplissent le débat public, comment tu te positionnes face à cela ? Pour toi être inspiré et revendiquer cela, fonctionner par citation et réappropriation pour te citer, c'est important ? C'est mal ?

Albar : Commençons par répondre en plagiant une citation connue : il y a le bon plagieur et le mauvais plagieur. Le mauvais plagieur, il voit une idée... Il la pique. Mais le bon plagieur, lui, il voit une idée... Bon, il la pique, mais c'est un bon plagieur. Selon moi, tout tient à l'étape de réappropriation : une idée n'est pas bonne ou mauvaise en elle-même, et elle n'est, selon moi, pas non plus originale par elle-même. Toute les idées - ou peu s'en faut - ont déjà été mises sur le papier d'une façon ou d'une autre, surtout que la création, et en particulier la création d'un objet de consommation grand public - comme le livre - est extrêmement codifié. Ce serait facile de surprendre si je voulais écrire n'importe quoi, ou d'être "original", mais pour moi, la quête d'originalité n'est pas un but en soi, et surtout, elle ne requiert absolument pas de partir ex nihilo.

On est tous gavés, à divers degrés, d'images et de perceptions de ces images, d'histoires et d'image résiduelle de celles-ci. Notre façon de penser, et surtout d'imaginer, est toujours, au moins en partie, conditionné par notre vécu, à mon humble avis. Sitôt qu'on part de ce principe, l'idée d'originalité n'existe plus vraiment : on pense selon des schéma établis et qui nous sont propres, mais qui ont une architecture commune avec des milliers, des millions de gens. Et s'imposer de sortir de ces schémas, c'est tout autant accepter qu'ils nous dictent notre conduite. Essayer d'écrire ou de créer quelque chose de totalement nouveau ne me semble pas très... Réaliste, en fin de compte. Pas impossible, bien sûr, et il est important que des artistes se posent la question de la nouveauté. Mais elle n'est en aucun cas une ligne de conduite nécessaire à un créateur, selon moi.

Non, ce que je trouve, personnellement, véritablement intéressant pour un auteur, c'est la réappropriation, le jeu sur et avec les codes, et la capacité à adapter ses idées à son univers. C'est un peu comme la dichotomie entre cliché et trope : un cliché est redondant et nous sort généralement de l'histoire, tandis qu'un trope c'est qu'une structure de récit qui a été identifiée. L'un est considéré comme négatif, l'autre comme simplement informatif, et c'est déjà une distinction qui peut être faite sur l'idée de "plagiat", qu'on sort un peu à tort et à travers comme si chacun avait inventé le fil à couper l'eau tiède. Mais même au-delà de ça, on peut jouer d'un cliché, en amenant le lecteur à suspecter sa présence avant de le prendre par surprise. C'est la même chose avec une idée déjà vue mille fois : un lecteur - ou un spectateur au sens large - verra venir un schéma qu'il connaît par cœur, une idée qu'il a vu venir de loin, un dénouement déjà vu et revu, et baissera sa vigilance pour être pris par surprise par un retournement qui, lui-même, n'a rien de folichon, mais qui aura joué sur ses attentes. Il n'y a nul besoin d'être un inventeur de génie pour surprendre un lecteur, même par les temps qui courent face à un public qui connaît de mieux en mieux les ficelles narratives... Il s'agit justement de connaître son public, ses attentes, et ses habitudes, pour mieux l'intriguer et rendre sa lecture agréable.

Une histoire ne se raconte pas qu'avec les mots et les thèmes qui y circulent, mais également par la façon même dont elle est narrée. C'est pour ça que, selon moi, citer et s'approprier n'est pas foncièrement une mauvaise chose, bien au contraire. Ce n'est qu'une petite partie du travail d'auteur.

Aldy : Pour terminer sur tes œuvres, tu dis que le deuxième tome devrait arriver prochainement, mais également que tu as rédigé une nouvelle au sein de ta saga. Ma question est donc simple : Devra-t-on attendre le deuxième tome avant de pouvoir se plonger à nouveau dans l'univers du Sixième fléau ou d'autres nouvelles, ou même autre chose, sont à venir ?

Albar : Il y a de bonnes chances que, quoi que ça puisse être, l'attente soit longue. Tout c’est un peu mis en pause, au moins cette année scolaire - 2019/2020 - à cause de mes études et de mon boulot qui me prennent pas mal de temps. J'avancerai peut-être à petits pas, mais je n'ai rien de prévu dans mon organisation avant les vacances d'été, techniquement. Et à ce moment-là... Je finirai enfin la correction/relecture finale du tome 1, et je commencerai à le proposer à des éditeurs en reprenant mon tome 2. Des nouvelles, c'est prévu, j'ai quelques idées dans un coin de mon crâne, mais ça ne remplacera pas l'écriture dudit tome 2, elles seront faites à côté, et sans réelle organisation je pense... Tout dépendra de mon inspiration, de mon temps, de si j'ai envie de faire découvrir mon oeuvre à quelqu'un à ce moment là - parce que c'est quand même plus facile avec une nouvelle de 20 pages comme l'Epée de Vérité, qui n'a rien à voir avec la saga que tout le monde connait, qu'avec le tome 1 qui en fait 460. Quant à des projets plus variés... Rien de prévu pour le moment, et je ne suis pas sûr qu'il y en ait. Enfin, à part la suite de la saga du Sixième Fléau qui est, elle aussi, déjà dans ma tête. Si tout se passe bien, on est partis sur une sacrée plâtrée de romans en tous genre !

Aldy : En tout cas je te remercie d'avoir répondu à mes questions. Une dernière chose avant de nous quitter, je propose à toutes les personnes qui passent par les interviews de proposer un ou plusieurs créatifs sur internet qu'ils jugent trop peu visible et qui méritaient qu'on s'y attarde. Aurait tu des gens à nous présenter, et des liens ?

Albar : Hum... Je ne vois malheureusement personne que je puisse présenter dans le domaine de l'écriture, personne qui n'aie pas déjà été interviewé par toi ou qui ne le soit dans un futur proche... Je me tournerai donc vers... Deux vidéastes, ou plutôt, un vidéaste et un groupe : le premier, Jeannot Nymouce (https://www.youtube.com/user/JeannotNymouce), déjà assez bien connu (66k abonnés, Dirtybiology en avait parlé il y a deux ou trois ans), qui fait des vidéos sur les memes internet avec un travail de recherche... Ahurissant. C'est très franchement incroyable cette capacité qu'il a à creuser sur le net. Et les autres, ce sont les gens de la chaîne Roleplay That Movie (https://www.youtube.com/channel/UC5k176KGsgsOeSOlR3LkGVw), qui, comme leur nom l'indique, rejouent le scénario d'un film façon jeu de rôle. Je conseille en particulier leur vidéo sur "Dernier train pour busan", excellente selon moi.

Du reste, hé bien ce fut un plaisir de pouvoir échanger avec toi sur un sujet que j'aime beaucoup : moi et mes créations. Merci pour ton temps, et pour celui de ceux qui ont eu le courage de nous lire jusqu'au bout !

Si vous ne voulez pas manquer les prochaines interviews sur le blog, n'oubliez pas de vous abonner :

[newsletter_form type="minimal" lists="undefined" button_color="undefined"]

Interview #03 - Benoît, le photographe entrepreneur

Rappel : Les Interviews Créatives ont pour but de présenter des créateurs anonymes ou presque sur internet, leur parcours, leurs œuvres et leur façon de voir la création. Si vous voulez participer à une interview n'hésitez pas à me contacter. Partagez. C'est important de partager ces posts là, plus que le reste de ce blog, car ils ne me concernent pas.

Aldy : Bonjour à toi Benoît ! Je te présente pour ceux qui ne te connaissent pas, tu es un de ces fameux « millenials » mais qui a déjà tellement de cordes à son arc que ceux qui utilisent ce terme se sentiraient déjà dépassés. Plus sérieusement, tu n’es pas inconnu sur ce blog, car notre cher Abakreo (Cf. Interview #02) t’avais justement cité comme étant une référence encore trop méconnue à voir absolument. Et c’est avec plaisir que j’ai la chance d’avoir quelqu’un d’aussi talentueux en interview ! Avant de commencer à parler de ton travail et ton parcours, voudrais-tu te présenter plus en détail ?

Benoît : Bonjour à toi Aldy! Merci de me recevoir sur ton blog! Effectivement j’ai été cité par mon ami et collègue Abakreo au sujet de mon parcours de jeune créatif! Alors je suis jeune, je dévoilerais mon âge à la fin pour éviter que les gens restent focaliser dessus. Je fais de la photographie depuis près de 10 ans, j’ai commencé à prendre des photos de tout et n’importe quoi pour finir en collaboration avec plusieurs multinationales! Je suis donc professionnel dans mon art, car oui la photographie est le 7ème art sur terre.

Aldy : Je ne dévoilerais pas ton âge, car ce n'est effectivement pas le plus important. Car ce qu'on voit, c'est un parcours empreint de passion et de motivation. 10 ans que tu effectues de la photographie, et avant de revenir aux projets concrets, a ce qu'ils sont en tant que tel, j'aimerais justement m'attarder sur elle, et sur les autres talents que tu pourrais avoir. Sur ton site web, tu dis 'La photographie m’offre l’opportunité de capturer une émotion et de la faire perdurer.'. Comment est-ce que tu saisis ce moment ? Qu'est-ce qui motive tes prises de vues, ce qui trie le grain de l'ivraie ?

Benoît : Il faut revenir à l'essentiel de la définition de la photographie. Pour moi les photos qu'elles soient prises par moi ou par quelqu'un d'autres je les regarderais de la même manière et avec la même analyse! Je regarde en premier lieu le message que le photographe a voulu faire passer. Par exemple encore aujourd'hui quand je tombe sur la photo de mon grand-père cela me rend triste car il est parti il y a peu de temps, mais il est si beau sûr cette photo et fidèle à lui-même que je ne peux qu'être fier de l'avoir eu comme grand-père.

Trop souvent les jeunes créateurs s’attardent sur la qualité du cliché. Il ne faudrait pas qu'il ait des défauts comme une surexposition, ou du bruit, il faut respecter la règle des tiers etc... Moi ça ne fait pas longtemps que j'ai réussi à me détacher de ça. Grâce à une amie photographe Suisse, Laura Gilli. Donc j'arrête de vouloir rechercher la perfection car elle n'existe pas. La netteté est une illusion créée par nos yeux. Je préfère également passer de messages forts qu'un simple cliché qui sera oublié la seconde qui suit.

Aldy : Justement, je profite d'être un néophyte total de la photographie, comme surement beaucoup ici, pour te poser cette question : J'ai vu sur tes réseaux et ton site, que tu partages majoritairement trois types de photo dans ton travail : Des portraits, des photos d'automobiles, et des photos d’événements. Sachant que dans chacun de ces genres, les shooting et émotions qui se dégagent peuvent être différents. La question que je me pose c'est... Aborde tu ces séances de la même manière ? Tant artistiquement que techniquement. Est-ce que tu recherches la même chose ? Est-ce qu'il y a vraiment des émotions, des messages qu'on ne peut transmettre qu'avec certains sujets ?

Benoît : Tu as le sens de l'observation, effectivement je suis sûr ces 3 axes, chacun d'eux me permet de présenter de manières différentes une émotion.

Le portrait : est pour moi la meilleure façon de montrer aux gens que nous sommes tous beaux, la définition de beaux est très vague et est défini par les grandes marques de prêt-à-porter du monde donc pas une source fiable. Ce n'est pas que tu es gros, mince, grand, petit, etc... que tu ne peux pas poser devant mon objectif! chacun des modèles sont plus ou moins à l'aise avec leur corps. Dans mon métier le meilleur compliment qu'on m'est fait en shooting pro, c'était un jeune modèle. En sortant du shooting, elle me remercie en me disant qu'elle avait appris à connaître son corps et l'apprécier un peu plus! c'était génial.

Les événements je cherche moins à faire réfléchir, car qui irait en festival pour analyser les paroles d'un rappeur et lancer un débat ? Personne! On y est pour prendre un max de plaisir!

L'automobile, comment aborder ce sujet ? Mon meilleur ami, depuis toujours, il est fan de voiture. Moi je l'étais moins mais c'était mon meilleur pote je le suivait dans tout ce qu'il faisait. Jusqu'au jour où il a réussi à s'acheter sa première voiture et qu'il est venu me la présenter, les étoiles dans les yeux. Il souhaitait partout, il roulait tant qu'il y avait de l'essence et c'était un moment merveilleux de le voir si heureux. Depuis ce jour-là à chaque fois que je shoot une voiture avec mon appareil, c'est la même émotion qui vient en moi et que j'essaie de faire paraître dans mes clichés.

Pour finir, je pense qu'on peut faire passer tous les messages que l'on veut mais cela ne dépend pas que du photographe mais aussi des modèles et des gens qui vont la regarder. Car chacun se fait son propre avis et ça c'est qui est fou pour moi!

Aldy : Cette passion on la sent profondément ancrée en toi ! Comme je t'ai dit je suis néophyte, et ma création est davantage orientée vers l'écriture que la photo, et pourtant je ressens ce frisson qui me parcourt quand j'écris quand tu parles de tes shootings ! Avant de passer à tes projets j'aimerais te poser une dernière question sur la photo : Aujourd'hui des photographes qui essayent de se professionnaliser il y en a beaucoup, tu critiquais d'ailleurs cette volonté de vouloir à tout prix avoir une image nette, oubliant la beauté d'une photo qui s'exprime ailleurs. Ma question est donc : Comment fais-tu pour te démarquer de la masse ? Quel est pour toi la différence, le conseil que tu donnerais à un vrai passionné de photo, pour pouvoir s'exprimer pleinement, et peut être en faire son métier ce qui n'est jamais facile

Benoît : Ça me fait vraiment plaisir de parler avec un néophyte comme toi et de partager deux monde pas si différent! Tout le monde peut devenir photographes professionnelles dans l'idée. Tu peux aller faire une formation, une école, etc. et ressortir avec un papier de photographe professionnel! Tu seras le type idéal pour faire mes photos passeport. Mais tu n'auras peut-être pas la même sensibilité à photographier une femme complexée par ses défauts "pseudo défaut, c'est subjectif bien sûr". Il m'arrivait de donner des workshop d'une journée à de jeunes professionnels du métier. Il était dans leur première année de carrières et les questions qui sortait était tourné vers l'argent, trouver un max de gros clients, etc... Moi je trouve ça dommage, voir même triste. Quand j'ai commencé la photo je ne savais même pas que photographe était un métier et que tu pouvais gagner ta vie.

Le conseil que je pourrais donner aux passionnés, c'est d'arrêter de croire qu'il y a des barrières entre les pros et les amateurs. Venez discuter avec nous les pros, la majorité vous tendrons les bras si vous êtes vraiment motivés. Au début, ce sera dur car rares seront les critiques positives. Vous allez recevoir une pluie de choses à changer dans votre façon d'aborder notre art. Car oui dernier conseil, la photo n'est pas un travail qu'on peut laisser le travail fini au casier après nos 8 heures quotidiennes. Je vis photo, je mange photo, je dors photos. Ceux qui ne se relèveront pas des critiques sont ceux qui ne sont pas prêts à devenir un vrai photographe.

Aldy : Ça on peut le dire que tu vis photo, quand on voit aujourd'hui, tous les projets qui sont liés autour. Pour les présenter succinctement, tu es fondateur et le PDG/CEO d'une entreprise, mais tu es également le fondateur et le directeur de production d'une autre société de production audiovisuelle, sachant qu'autour de cela, non seulement tu es encore en train de finaliser tes études de médiamaticien, mais qu'en plus de ça tu articule tout cela autour d'autres expériences professionnelles, même si toutes ne sont pas en lien avec la photo. On ne va pas se mentir, tu serais presque un boulimique de la photo ! Mais parlons justement de tes deux entreprises dont tu es fondateur. Peux-tu nous les présenter succinctement, et nous expliquer quel est ton rôle dans ces boites ?

Benoît : Effectivement à côté de mes études je suis fondateur et CEO de plusieurs entreprises, même si il y en a deux répertoriés dans mon CV, possible qu'il y en ai qui soit actif auxquelles j'y contribue, mais ce n'est pas le sujet premier de cette interview.

Alors pour commencer je suis le fondateur et CEO de BPO Pictures, une boîte de photographe qui s'occupe de répondre à toutes demandes graphiques. Au début j'étais seul, mais mnt je compte plusieurs amis freelances que je contacte car sinon il me faudrait des journées de 40 heures pour tout finir.

A côté de ça avec des amis du domaine de la vidéo, on a lancé Olympe Films. Nous avons déjà réalisé notre premier moyen-métrage et nous sommes en pleine réalisation du suivant long-métrage. Mon rôle dans la société c'est premièrement de la faire connaître au tout public. Mon premier challenge a été de devoir faire venir les gens au salles de cinéma pour la première fois et à la surprise général ont a fait salle comble 2 fois à la suite, alors qu'une seule séance était prévue.

Dans un second temps, je suis directeur de production, j'ai donc la responsabilité de coordonné tous les personnes qui s'attellent aux projets, cela va du producteur au réalisateur en passant par les scénaristes, etc...

Car la deuxième chose qui m'anime après la photo c'est l'entreprenariat, donc il était logique pour moi de lancer mes 2 boites de production avant de me lancé dans d'autres domaines.

Aldy : Salle comble deux fois de suite ? Qu'est-ce qu'on ressent à ce moment-là ? Car... Et bien on ne va pas se mentir, pour un premier moyen métrage c'est inespéré ! Sans rentrer en profondeur, même si tout n'est pas lié à ta passion artistique, tu te verrais faire de l'entreprenariat sans la photo ? Et... D'une certaine manière, tu te reverrais encore faire de la photo mais sans essayer de te professionnaliser ? Je te pose la question car pour beaucoup, professionnaliser son travail créatif, c'est justement prendre le risque de transformer cela en "travail" avec tout ce qu'il y a d'aliénant

Benoît : Salle comble une fois c'est fou, 2 fois c'était impossible, je n'y crois toujours pas. Le principal c'est que les gens étaient réceptifs à notre contenu que d'avoir une salle pleine de hater (Haineux), non merci.

Bien sûr que je me verrais faire de l'entreprenariat sans domaine principale la photo. Car j'arriverais par tous les moyens à la mettre au sein de mes entreprises, exemple : une boite d'évent, à besoin de photos pour la communication, un garage a besoin de photos pour pouvoir se promouvoir auprès des clients. Donc la photo n'est jamais très loin et je suis également très loin de m'en séparer.

Qui t'a dit que la photographie était mon travail ? Mon CV oui car sur le papier je suis photographe professionnel, mais dans la vraie vie tu m'entendras jamais utiliser le terme travail, mais projet. Jamais ne tu me verras partir du bureau comme un pendulaire en disant : j'ai terminé ma journée de travail. Mais je finis mes journées tard car j'aime les projets que j'entreprends avec mes potes, clients ou marques.

Mais dans le fond je comprends la question ou le dilemme que beaucoup de passionnés se pose. Est-ce que je ne vis que de la photo au risque de perdre la passion et ne devenir qu'un travailleur qui exécute des travaux ou est-ce que je garde ça comme passion dans mon temps libre ? Cela dépend de chacun de nous. Il n'y a pas vraiment de formule magique pour nous catégoriser à mon avis.

Aldy : Où est ce que tu te vois justement en terme de projet, dans les années à venir, et, soyons fous, dans une dizaine d'années ?

Benoît : Dans les années à venir je me vois réaliser tous les projets qui n'ont jamais encore été fait. De collaborer avec n'importe quel modèle, marque et continuer ce que je fais... Former de nouveaux apprentis photographe et leur inculquer les vraies valeurs de notre métier et non des règles. Soit dit en passant si je pouvais donner des conférences sur le sujet de la création, ce serait encore plus fou! Mais dans une dizaine d'année, j'espère n'avoir aucun regret et être persuader que j'ai tout fait pour me donner les moyens et avoir ma chance dans ce domaine si privilégié.

Aldy : Pour toi la formation, la transmission de valeurs et non de simple connaissances et de règles, c'est essentiel dans ton métier ?

Benoît :  Bien sûr, pour moi un photographe est unique par ses propres valeurs et non par des règles communes à tout le monde

Aldy : En tout cas je te remercie d'avoir pris le temps de répondre à toutes mes questions. Une fois n'est pas coutume, je propose toujours à ceux qui passent ici de faire de la publicité, de mettre en lumière un créatif qui n'a pour eux pas assez de visibilité et qui le mérite, et si possible avec un lien. As-tu quelque chose en tête ?

Benoît : Merci à toi Aldy, ce fut un plaisir de répondre à un passionné! Pour les créateurs j'en ai beaucoup! Mais on va en choisir quelques uns. Bien évidemment il y a mon ami et collègue Abakreo, qui va pouvoir prendre son envol grâce à son nouveau matériel! Mais si je devrais citer quelques jeunes qui mériteraient d'être mis en avant c'est Jules, un jeune de mon village qui est en pleines études également dans le domaine de la photo mais qui mériterait beaucoup!

https://www.instagram.com/visual_splinters/

Et le deuxième c'est mon collègue et ami, Antonin alias Shine qui a lancé Arkine production et qui a un superbe talent dans son art!

http://www.arkineprod.com/

En tout cas ce fut un plaisir de répondre à tes questions!

Aldy : Je te remercie toi aussi !


Les liens pour découvrir son travail :

Son site: https://bpo-pictures.ch/

Son instagram : https://www.instagram.com/bpo.pictures/

Si vous ne voulez pas manquer les prochaines interviews sur le blog, n'oubliez pas de vous abonner :

[newsletter_form type="minimal" lists="undefined" button_color="undefined"]

Interview #02 - Abakreo, le cinéaste ultra-perfectionniste

Rappel : Les Interviews Créatives ont pour but de présenter des créateurs anonymes ou presque sur internet, leur parcours, leurs œuvres et leur façon de voir la création. Si vous voulez participer à une interview n'hésitez pas à me contacter. Partagez. C'est important de partager ces posts là, plus que le reste de ce blog, car ils ne me concernent pas.

Aldy : Bonjour Abakreo ! Je vous présente rapidement pour ceux qui ne vous connaissent pas, vous êtes un français qui n'est pas français, et un suisse qui n'êtes pas suisse ! Avant toute chose, et avant de rentrer dans le vif du sujet est-ce que vous pouvez nous parler plus de vous, de votre parcours ?

Abakreo : Bien le bonjour cher Aldy et chers auditeurs. Tout à fait, je suis ce que nous(je) appelons un HNNO : Humain Nationalement Non-Identifié, moi-même je ne sais pas encore comment me catégoriser, mais passons cela n'est que détail! Je tiens tout d'abord à vous remercier pour cette interview, qui, même si totalement inattendue, me fait chaud au coeur! Concernant mon parcours, il est très très très accidenté, mais je vais essayer de le résumer assez brièvement.

Je suis donc Abakreo, âgé de bientôt 25 ans. J'ai effectué pendant 6 ans des études en lettres, en langues anciennes plus précisément, au lycée. Mais peu avant la fin de mon diplôme, j'ai décidé d'y mettre fin, car je n'avais...clairement pas la fibre pour les études. Celle-ci ne me donnait que du 100ko/s, et j'aspirais à tout de même plus que cela. Je me suis donc tourné vers le Go en démarrant un apprentissage en alternance dans une entreprise de télécommunications en tant que médiamaticien (pour définir le métier rapidement, voyez cela comme un expert en digital marketing et qui dispose pour cela de compétences sur plusieurs moyens tels que la photo/vidéo/réalisation de sites web simples) Durant cet apprentissage, je me suis découvert un intérêt colossal pour l'image, que cela passe par la photo ou surtout par la vidéo et j'ai décidé donc d'en faire mon domaine principal. C'est d'ailleurs dans cette optique que l'année dernière, avec quelques amis, nous avons fondé notre propre entreprise de réalisation de productions audiovisuelles à destination d'entreprises MAIS aussi de productions cinématographiques!(modifié)


Aldy : En voilà un beau parcours, car vous avez su parfaitement rebondir malgré une première erreur de parcours, si tente que c'en était réellement une ! Votre cas est justement atypique car vous avez toujours eu un rapport étroit avec la création, et aujourd'hui vous faite parti intégrante de la production cinématographique de vôtre collectif. Est ce que la vidéo a toujours été votre support de prédilection ? Sinon lesquels ? Et a quand cela remonte ?


Abakreo : Je ne dirais justement pas que j'ai toujours eu un rapport étroit avec la création! Pour revenir très brièvement sur mon parcours scolaire, c'était justement la "voie" choisie initialement, car soyons très sincères...en dehors de passer du temps derrière mes écrans, je n'avais aucune réelle vocation à l'époque. Et non sans vouloir jeter une crotte de nez à ceux dont c'est la seule activité. Et bien...j'avais envie de me trouver une réelle raison de me lever et c'est pour cela que j'ai choisi cet apprentissage. En plus du fait que cela faisait longtemps que je regardais des films, que j'avais toujours cette envie de créer quelque chose. J'avais d'ailleurs déjà essayé d'écrire de courtes nouvelles, mais je vais l'avouer, l'écriture n'est pas mon fort et je n'ai jamais fait quelque chose qui me satisfaisait. Certains hurleront d'ailleurs de savoir que je n'ai gardé aucun de mes écrits et que tous ont terminé dans ma corbeille physique ou virtuelle.

Et grâce à cet apprentissage, et bien j'ai eu la chance de rencontrer des personnes formidables qui m'ont aidé à progresser rapidement dans la photo ou la vidéo. Et c'est d'ailleurs avec eux que cette entreprise a été fondée. Donc comme vous le voyez, mon rapport avec la création n'est pas si vieux, bien au contraire, elle ne date véritablement que de ces 4 dernières années, en ce qui concerne la vidéo du moins!(modifié)


Aldy : Pourtant ! Je sais de source sûre que vous avez déjà participé a des associations de création de court métrage dans lesquels vous avez travaillez ou joué ! N'est ce pas finalement votre premier rapport concret avec la création ? Quel rôle vous jouiez dans ce processus ?


Abakreo : Oh seigneur, vous faites mentions à des dossiers qui devraient rester cachés dans les plus profonds méandres d'Internet. Mais effectivement, quelques années en arrière, je réalisais en compagnie de mon meilleur ami et de mon ex autre moitié des vidéos courtes, maximum une minute, si ma mémoire est bonne, sur des thèmes divers et variés. Pour expliquer simplement, chaque dernier samedi du mois, une réunion de toutes petites équipes de production avait lieu, et ces dernières devaient présenter leurs réalisations selon un thème décidé par le vainqueur du public du mois précédent. Et...nous avons pu nous illustrer par quelques perles humoristiques ainsi que de chefs d'oeuvre d'absurdité ou de nullité que je chéris tout de même.

C'était là effectivement mon premier contact réel avec le création. Et mon rôle à ce moment-là était surtout dans l'acting. A l'époque, je n'avais aucune connaissance dans le montage vidéo, c'était mon meilleur ami qui s'en chargeait. Quant à l'écriture, j'y ai participé à quelques reprises pour développer des idées, mais rien de bien folichon. Après, nous avions fait cela pendant nos jeunes années, de 16 à 18 ans, mais je reste tout de même très attaché à une ou deux de ces vidéos sur lesquelles j'ai passé des moments ô combien hilarants!


Aldy : Entre le rejet et la destruction de vos anciens écrits, et le regard excessivement critique que vous portez sur vos premières création au sein de cette association, permettez moi de vous poser cette question, mais vous semblez être votre propre critique le plus acerbe, celui qui vous challenge le plus, n'est ce pas ?


Abakreo : Je ne pourrais pas le dire plus exactement. Certains me disent que je suis trop perfectionniste, que je me met la pression en permanence et...je ne peux que répondre oui à cela. Mais quand on parle d'une création personnelle, on veut tout le temps que tout soit parfait, optimal, au poil, etc. Du moins de mon point de vue. Il est évident que tout est perfectible, comme toujours. Et c'est pour cela que l'on demande des avis extérieurs pour améliorer des points auxquels on n'aurait pas pensé. Mais je me refuse toujours de montrer quelque chose à d'autres dont je ne suis déjà moi-même pas satisfait. Et pour cela, oui. Je me met parfois une pression monstrueuse et je ne vais pas le cacher, je suis en permanence dans le doute, la remise en question par rapport à ce que je réalise. D'un côté, ça me permet de parfois sortir des résultats dont je suis extrêmement fier, mais soyons honnêtes, il y a donc également beaucoup de projets qui ont terminé aux oubliettes parce qu'être dans le doute en permanence, cela donne lieu à de gros découragements et c'est principalement ça qui m'a fait abandonner beaucoup de mes projets. Je vais aussi l'admettre, mais je suis parfois du genre à me décourager assez vite, donc c'est évidemment un gros problème. J'ai très souvent eu de la peine à faire face à la difficulté, sauf quand il s'agissait de projets qui me tenaient particulièrement à coeur


Aldy ; Quel à été le projet justement, celui qui serait pour vous la période charnière dans votre parcours ? Le projet où l'investissement que vous avez produit, l'enjeu qui vous as motivé, a été suffisamment fort pour que ces grosses périodes de doute ne laisse place qu'a davantage de travail, d'implication, et pour lequel vous en êtes ressorti fier ?


Abakreo : Alors, le projet charnière s'est déroulé il y a de cela 2 ans je dirais. Pour expliquer très brièvement, mon apprentissage se constitue de projets allant de 1 à 6 mois et à cette période-là, je ressortais d'un projet, sans avoir un nouveau de véritablement intéressant pour après. De fait, j'ai parlé à mon responsable de formation de ma volonté d'apprendre la réalisation vidéo de manière plus approfondie. Il m'a donc présenté une autoformation, avec théorie et exercices. Mais il m'a également dit qu'une fois cette formation terminée, pour valider l'acquisition de ces compétences...et bien, je devais réaliser moi-même une petite vidéo. Et j'ai choisi donc de faire mon tout premier court-métrage. De plus, une des personnes m'ayant le plus poussé à approfondir la vidéo m'a dit que si je le faisais, il me prendrait sous son aile pour m'aider à progresser rapidement. Et c'est ainsi que j'ai démarré la production, réalisant tout de A à Z, sachant que j'avais de mémoire...3 semaines pour la préproduction, production et postproduction.

Ce fut un véritable challenge pour moi. Le phase la plus compliquée fut celle de trouver l'idée, mais une fois cela fait, je pense que j'ai rarement autant travaillé sur un projet en négligeant les pauses comme jamais je ne l'avais fait. C'était bien évidemment assez amateur, mais dans les faits, une fois ce court-métrage terminé, d'environ...6 minutes si je me souviens bien, je dois avouer que j'ai rarement éprouvé une telle fierté d'avoir enfin pu réaliser quelque chose par moi-même et pratiquement tout seul.Après...2 ans plus tard, avec les autres connaissances que j'ai acquises....je n'arrive juste plus à regarder ce court-métrage. J'en suis à la limite de le haïr tellement je trouve des moments absolument mal faits et j'ai même retiré toute possibilité de le regarder à autrui (vous pouvez me juger, j'assume). Mais malgré tout cela, je reste conscient du fait que je débutais à l'époque et que ça restait en soit un bel exploit de ma part que de mener ce projet jusqu'au bout


Aldy : Vous êtes maintenant engagé dans la réalisation vidéo, mais actuellement, quels sont vos projets ? Votre rôle dans votre association ?

Abakreo : Alors, la grande majorité de mon activité est surtout dans la production de spots publicitaires ou d'after movies événementiels. Dans ce but, je suis actuellement directeur commercial de l'association, en duo avec un des 5 autres membres de l'association. Je vous avoue que je ne peux pas vraiment dévoiler comme ça nos projets, car et bien c'est du secret professionnel, mais vous savez au moins en quoi consiste mon activité. Mais comme je vous l'ai dit, nous avons le côté entreprise, mais également le côté cinématographique. Et de ce côté, j'ai travaillé sur les films en tant qu'ingénieur son ou alors en tant que script. Dans le côté cinéma, étant donné la grande quantité de ressources nécessaires, on alterne parfois nos rôles pour pouvoir s'en sortir. Et allez...petite information, mais je suis actuellement en train de travailler sur le scénario d'un nouveau court-métrage qui me tient plutôt à coeur. Mais c'est tout ce que vous saurez pour le moment!


Aldy : Aaaah ! C'est rageant ! Pouvez vous au moins nous dire quand nous aurons la chance de pouvoir visionner votre prochaine création ?


Abakreo : Non! Je n'en ai aucune idée! Je suis actuellement en dernière année d'apprentissage, donc combinez le travail de diplôme/examens, avec le travail que je fournis également pour l'association. Et bien...j'arrive difficilement à me concentrer pleinement dessus. Donc même si je le voulais, je ne pourrais pas vous répondre malheureusement!


Aldy : En tout cas je vous remercie d'avoir pris le temps de répondre à mes questions. Une dernière pour la route. Si vous deviez faire de la publicité, avec un lien, pour un projet créatif que vous estimez talentueux, mais trop anonyme, si vous vouliez faire découvrir quelqu'un, ce serait quoi ? Qui ? Quel projet ?


Abakreo : Je vais d'abord répondre par une autre question. Est-ce que je peux citer plutôt deux personnes ? Car l'une d'entre elle se lance de manière plus active dans les courts-métrages et je suis très admiratif de ce qu'il fait déjà avec le peu d'expérience qu'il a. Et l'autre....parce que c'est juste à mon sens un photographe exceptionnel et qui est surtout la personne qui m'a peut-être le plus apporté dans la vie pour avancer dans la réalisation photo/vidéo, et je ne me vois absolument pas parler de mon parcours sans le citer.


Aldy : Quand on vois les éloges que vous ne tarissez pas sur eux, je ne vais pas vous empêcher bien au contraire !

Abakreo : Dans ce cas, je vais vous donner le lien vers la chaîne d'un ancien collègue de travail dénommé Sylvain Muggli. C'est une personne avec qui j'ai travaillé pendant seulement 6 mois, mais qui m'a beaucoup appris durant ce cours laps de temps. Les premières vidéos de sa chaine sont des plans en drone qu'il a fait pour s'entrainer et s'amuser, mais les deux dernières sont les cours-métrages qu'il a réalisés cette année. Et vous êtes même chanceux, car le dernier en date est sorti hier, donc je vous fournis une exclusivité ! https://www.youtube.com/channel/UCt94UkD5Gw5x4O7nuRSVeZQ/videos

Quand au deuxième, il s'agit de Benoît Donnet, mon collègue de travail et de classe. Un photographe qui m'inspire énormément, car en ayant un côté certes très corporate, c'est un apprenti et un photographe exceptionnel de seulement 18 ans qui a su rester incroyablement humain malgré son parcours, chose que l'on déplore justement chez les personnes très orientées entreprise. Et alors qu'il a 7 ans de moins qui moi, c'est une incroyable source d'inspiration et de respect pour moi : https://bpo-pictures.ch/

Et enfin, c'est moi qui vous remercie pour cette interview, ce fut un plaisir que de répondre à vos questions et de partager cela. En espérant que le tout soit apprécié par vos auditeurs!


Aldy : Je vous remercie pour votre temps !

Si vous ne voulez pas manquer les prochaines interviews sur le blog, n'oubliez pas de vous abonner dans le menu juste à gauche. Je n'envoie de message que pour prévenir des nouveaux articles.

Interview #01 - Naelin, le MJ démiurge

Rappel : Les Interviews Créatives ont pour but de présenter des créateurs anonymes ou presque sur internet, leur parcours, leurs œuvres et leur façon de voir la création. Si vous voulez participer à une interview n'hésitez pas à me contacter. Partagez. C'est important de partager ces posts là, plus que le reste de ce blog, car ils ne me concernent pas.

Aujourd'hui, pour cette première interview, j'ai décidé d'aller chercher un créateur que je connaissais déjà mais dont j'appréciais le travail. Surnommé Naelin, il a accepté de participer à cette interview.

Aldy : Bonjour Naelin ! Je te présente rapidement pour les personnes qui ne te connaissent pas, mais tu es donc un Rémois communiste et barbu qui fait peur aux gens ! Mais plus important, tu es également un créateur, et ce depuis, il faut le dire un certain temps. Mais avant toute chose, est-ce que tu as envie de te présenter un peu plus ? Est-ce que tu peux nous parler de ton parcours à titre personnel ?

Naelin : Je vais déjà réfuter l'adjectif barbu : En ces temps troublé, on pourrait me taxer d'islamo gauchisme ! Plus sérieusement je me rase, pour l'instant. Concernant le parcours, c'est plutôt semé d'embûches : Un bac ES suivi d'une classe prépa littéraire dans le but, au départ, de m'orienter vers le journalisme ou la politique. La prépa m'a plutôt dégoutté du système et je suis repassé en fac d'histoire, ce qui m'a plu.

Cela étant, l'année dernière, à la recherche de sens dans ce que je faisais - et pas seulement de beaux diplômes ou des analyses historiques, je me suis engagé dans un service civique en sous préfecture : Objectif de soutien des usagers perdus suite au passage numérique des permis de conduire et cartes grises. Au bout de 8 mois, j'ai obtenu un emploi dans une administration publique, l'OFII, qui gère entre autre la procédure de regroupement familial et l'accueil des demandeurs d'asile : J'ai, dans les faits, trouvé quelque chose qui n'a rien à voir avec ce que je pensais chercher au départ, et qui me plait par le contact humain que je peux avoir. Concrètement, on peut dire que je suis pas vraiment là où je m'attendais être et que c'est presque tant mieux !

Aldy : Je vois ! Finalement, ne vaut-il pas mieux se laisser porter par les opportunités que nous offre la vie et qui nous motivent, que par le parcours juste tracé par les études. Ce qui transparaît en tout cas dans ta façon de parler, dans les termes que tu emploies, et dans les choix que tu as fait, c'est que tu semble avoir une réelle conscience politique. Et un vrai sens du savoir être social. Est-ce que tu pense, de près ou de loin, avant de rentrer dans le coeur du sujet, que tes avis politiques (au sens le plus global du terme, après tout, ne dit-on pas que tout est politique) sont des vecteurs important de ta création ?

Naelin : Totalement. En fait, je pense presque que c'est impossible de ne pas laisse transparaître des idées politiques dans la création. Sans pour autant en faire un acte militant ou engagé, on ne peut pas s'affranchir des convictions que l'on porte. Il faut peut être nuancé en disant que celui ou celle qui va recevoir le "message" qui transparaît a sa propre liberté d'interprétation. De fait, je pense que mes idées politiques et mon engagement se voient, mais ne sont peut être pas perçues de la même manière par tout le monde.

Aldy : Très bien. On va rentrer dans le cœur du sujet alors. Il est difficile de te donner une casquette précise. Tu écris, mais tu crée également, car tu fais du jeu de rôle (JDR) sur des univers que tu as conçu toi même, tu as également contribué à la création de certains jeux vidéos amateurs sur forum, et je crois même me souvenir de prémices sur un autre forum… Mais abordons ton parcours étape par étape. Déjà, pour toi quel a été le début de ton processus créatif ? A-t-il été sur internet, ou IRL ? Quelles ont été tes motivations ?

Naelin :J'ai toujours eu envie de m'évader. Je suis un très très grand lecteur, et ça m'a donné envie d'écrire. Je ne suis pas spécialement doué pour ça, mais j'ai une imagination suffisante pour avoir des trames qui me plaisent. Le déclic est venu au collège quand un ami m'a initié au jeu de rôle, un ami qui avait construit une histoire autour de l'univers du jeu vidéo Fire Emblem, d'abord, puis dans un univers qu'il a lui même créé. J'ai, petit à petit, pris cette même voie, d'abord sur Internet par le biais de Forums RP, pour développer les personnages, puis IRL avec mes amis. j'ai petit à petit construit des univers différent pour arriver, à terme, a mon premier vrai monde, inspiré par mes lectures, mes expériences vidéo ludiques, mes expériences sociales, et les jeux de rôles d'autres personnes.

Aldy : A t'entendre, c'est plus qu'un déclic, c'est une illumination ! Le JDR semble être ce qui t'as le plus inspiré dans ta création. Mais qu'est ce que tu trouve justement dans ce… Format, dans cette pratique artistique et ludique, qui t'as autant agrippé ?

Nealin : Je trouve qu'il y a tout. La création d'un univers, l'écriture des personnages, la cartographie et l'histoire d'un monde et l'établissement des relations géopolitique d'une part, ce qu'on retrouve dans l'écriture romanesque de fantasy ou de SF, et le jeu d'autre part. Cette deuxième partie distingue fondamentalement le jeu de rôle du roman, parce que mes expériences ont prouvé que ce sont les joueurs qui font l'histoire et qu'elle ne va jamais vers le but qu'on a pu esquisser au départ. Le créateur pose les base de son univers, mais ce sont les joueurs qui le font réellement vivre. Je trouve que cette alchimie est d'autant plus forte qu'elle est sans cesse renouvelée.

Aldy : Tu dis donc que tu conçois l'univers, et que ce sont les joueurs qui font l'histoire. Alors comment la conçoit tu cette base ? Pour toi quels sont les éléments qui vont attiser l’intérêt de tes joueurs ? Comment fais tu pour anticiper les changements de direction de tes joueurs ? As-tu des astuces, des recettes ?

Naelin : La base, c'est ce qui me prend le plus de temps. il faut imaginer un univers complexe mais attirant, un endroit qui va enchanter, les joueurs, leur donner envie de créer leur personnage pour évoluer dans cet univers. Pour moi, il faut que le joueur ait hâte de faire sa fiche de personnage, et ça passe par une histoire , une mythologie, et un cadre général qui permet à tous d'être intéressés, sans être trop restrictif.

Ensuite, il faut avoir un scénario de base, une sorte de fil conducteur, quelque chose qui va forcer ces différents personnages à collaborer : C'est la chose la plus difficile à faire, il y a une espèce de torsion du bras qui est effectuée par le maître du jeu pour placer ce début de scénario en commun. Parfois, ça se passe bien et un groupe reste soudé par cette première expérience, parfois, elle est trop artificielle et ne permet pas la solidité de celui-ci. Parfois, encore, les caractères, les idées, les valeurs des personnages s'opposent, et on assiste a des fragmentations ou a des conflits. Autant dans un JDR papier, IRL, ces situations doivent forcer le MJ à réagir rapidement, soit en sortant du jeu un personnage, soit en réglant le conflit autrement, autant en ligne, on a toute latitude pour préparer la sortie du groupe d'un personnage à un instant T qu'il peut lui-même déterminer. C'est d'ailleurs ce qui fait la richesse de la chose.

Anticiper les réactions des joueurs, c'est plutôt compliqué. On peut conjecturer, bien sûr, avoir plusieurs options, un peu comme on anticiperai des coups aux échecs, mais dans les faits on se rend compte que ça n'a que peu d'importance… finalement, il vaut mieux être surpris. En fait, je dirais qu'il faut s'attendre à tout, ce qui revient à ne s'attendre qu'a des surprises.

Aldy : Toi, à titre personnel en tant que MJ, tu apprécies les surprises que te réservent tes joueurs et tes parties ? Toutes ?

Naelin : A titre personnel, c'est compliqué. C'est à dire que je préfère des rebondissements imprévus qu'autre chose. Après, il arrive que ça ait un impact négatif sur le jeu de rôle en lui même, mais c'est plutôt rare. Et puis, dans ces cas là, on doit s'arranger pour trouver une solution et c'est stimulant !

Aldy : Quels sont les auteurs, les œuvres que tu citerais, qui t'influencent principalement ?

Naelin : Pierre Bottero pour la Fantasy, j'ai dévoré la Quête d'Ewilan, les Mondes d'Ewilan, Ellana et l'Autre, et je regrette encore son décès prématuré. Phlip Pulmann et sa trilogie "A la Croisée des Mondes", qui est remarquablement pensée, à la fois accessible aux jeunes mais porteuse d'un message philosophique important. J'admire aussi le travail d'Ayerdhal avec son superbe diptyque "l'Histrion" et "Sexormorphoses" qui m'ont particulièrement inspirés. Enfin, plus récemment, l'influence de Dan Simmons et "Hyperion", un livre qui croise énormément de récits et de genre littéraires, une diversité de points de vue qui, finalement, se rapproche d'un groupe de JDR.

Au delà des livres, je dirais deux séries de jeux vidéos : Fire Emblem et Heroes of Might and Magic, qui m'ont toujours inspirées pour les systèmes de combat ou la magie.

Aldy : En parlant de jeux vidéos, étant donné que tu conçois tes JDR, donc au delà de leur histoire, il y a aussi des règles ! Après tout, on a tous au moins été rebuté de voir l'énorme tome de règle de donjon et dragons, avant de s'évanouir en voyant que ce n'est que le premier ! Tu dis que les jeux t'inspirent pour créer tes JDR mais est-ce que tu conçois tes systèmes comme des jeux vidéos ? Où est la limite ? La nuance à avoir ?

Naelin : C'est difficile à dire. J'ai le sentiment de placer des règles qui sont un minimum flexibles. On ne peut pas poser une question à un jeu vidéo - du moins pas encore - pour lui demander si telle ou telle action est possible ou non. De ce fait, l’interaction humaine est toujours à prendre en compte. De plus, c'est à l'expérience desdites règles qu'on teste leur efficacité, et le retour des joueurs à ce sujet n'est pas à prendre à la légère. Il est parfois nécessaire d'appliquer un changement de règle, ou de modifier un sort, une compétence trop forte ou trop faible. Voir de changer tout le système si jamais il est bancal à la base. Je ne suis toujours pas sûr d'avoir un "bon" système, mais il est certain qu'il est moins mauvais que mon premier.

Aldy : Du coup, quel est le JDR, ou les JDR, que tu masterises en ce moment, peux tu nous les présenter, nous en parler ?

Naelin : J'en masterise deux. Le premier est "Az Alon", il s'agit d'un JDR avec peu de participants, qui a pour but notamment de tester des mécaniques et systèmes de combat et de magie. Cela étant, il y avait une histoire, et celle-ci touche à sa fin, il est probable qu'il soit terminé dans le premier trimestre de l'année 2020. L'histoire de base d'Az Alon est une séparation entre deux types d'humanoïdes, les Mortels et les Immortels, et les diverses races qui en sont issues. Sur fond de guerres d'influence, de critique religieuse et maintenant d'apocalypse, les personnages ont évolués sans trop savoir où ils allaient, chaque antagoniste semblant être manipulé par un autre. Ils sont désormais proche de découvrir quel est celui qui était derrière toute l'histoire… ou pas !

Le deuxième est, pour ainsi dire, l'aboutissement de mes recherches en matière de JDR, et le dernier produit de ma série. Il se nomme Drasill - Alternatif ou Drasill version 2. Il reprend l'univers que j'ai établi il y a déjà longtemps en ayant altéré l'histoire à plusieurs point. C'est à dire que le monde est physiquement semblable voir équivalent, mais que les pays n'ont plus la même histoire, le même alignement, ou les même dirigeants. Des personnages qui existaient dans la version précédente sont toujours là, mais différents, les antagoniste principaux, les "démons", sont toujours les mêmes, mais n'ont pas subi les mêmes victoires ou les mêmes défaites, de même pour les divinités. Finalement, le monde est le même, mais pas du tout l'histoire. Ce qui est amusant pour certains joueurs qui avaient terminé la campagne du premier Drasill et qui découvrent avec stupeur certains alliés ou certains ennemis. Bon, et il y a des surprises. Je fais toujours des surprises.

Je pourrais parler longuement de l'univers de Drasill, ses continents qui sont tous inspirés de JDR que j'ai masterisé ou dans lesquels j'ai joué, ses magies qui proviennent d'a peu près toute mes inspirations vidéo-ludiques, ou encore le nombre important de PNJ que j'ai du créer pour faire vivre tout ça. Mais comme ça serait un petit peu long, je vais résumer : Drasill, dans sa version alternative, est un monde régit par deux divinités, celle de la création et celle du chaos. Ils sont unis pour lutter contre les démons, incarnation du néant, du vide, et inspirés par les vices des mortels. Les divinités sont certes alliées, mais pas forcément les mortels en question, qui peuvent avoir des raisons politiques ou religieuses de s'opposer à l'autre faction : De fait, au début du JDR, chaque nation et chaque PJ avait un alignement, qui peut bien entendu évoluer. le tout est de savoir de quel côté le monde va pencher, et s'il n'y a pas autre chose qui se cache derrière cette dualité apparente.

Aldy : Au vu de la fin prochaine d'Az Alon, et pour prendre un peu de hauteur, quels projets à tu pour l'avenir, en terme de JDR, et peut être autre chose ?

Naelin : C'est une excellente question. A vrai dire j'aimerai concrétiser un projet autour de l'univers du Daym, d'Ayerdhal… mais c'est difficile de trouver quelque chose qui me plait assez pour ne pas faire insulte à l'oeuvre. D'autre part, comme je travaille désormais, j'ai moins de temps à consacrer à la création. Mais je trouverai peut être quelque chose d'ici la fin d'Az Alon, qui sait ?

Aldy : Pour conclure sur cette interview, aurais-tu un projet que tu souhaiterais mettre en avant, que ce soit un des tiens ou celui de quelqu'un d'autre, et un lien s'il existe pour y accéder ? Ces interviews étant faites pour mettre en lumière des créateurs amateurs et anonyme sur la toile, n'hésite pas a proposer même quelque chose d'obscur !

Naelin : N'ayant pas de projet personnel en ligne - pour l'instant - je vais indiquer celui de mon ami Zanmato, qui m'a lancé dans le JDR et qui est passionné de musique. il fait de critiques d'albums et partage ses créations sur cette page facebook :

https://www.facebook.com/EKXVsmithmusic/

Aldy : Très bien ! Je te remercie !

Naelin : De même, c'était un plaisir.

Si vous ne voulez pas manquer les prochaines interviews sur le blog, n'oubliez pas de vous abonner dans le menu juste à gauche. Je n'envoie de message que pour prévenir des nouveaux articles.

Début des Interviews Créatives

J'adore écouter les gens parler de leur histoire, de leur parcours. J'ai l'impression de mieux les connaître, de mieux les appréhender. De ce fait, je dévore des interviews, écrites, audio ou vidéo, et des tonnes. Pas que des stars ou des acteurs, surtout des créatifs.

Moi qui suit passionné de création c'est... incroyable de faire cette gymnastique intellectuelle, de chercher à comprendre comment un tel à réussi, au cours de sa vie, à créer ceci ou cela. Comment sa vie à influer sa création, qu'est ce qui fait que nous finissons tous par emprunter des chemins différents dans notre façon de faire...

Mais dans notre monde, il y a une règle simple : Quand tu n'es pas connu, tu n'as rien à dire. Quand tu n'as pas de public, personne ne t'écoutes.

Et ceci... m'agace. Parce que tout le monde à des choses à dire. Tout le monde. Et des talents créatifs, il y en a partout sur cette toile, c'est même vertigineux d'imaginer le nombre d'auteurs, de peintres, de musiciens, de réalisateurs qui existent ne serait-ce qu'en France, perdus dans cette jungle qu'est la toile.

Alors... Je sais bien que ce blog n'a pour le moment aucun public, et peut être que dans cinq ans, il n'en aura pas plus. Mais... Je veux leur donner une voix. Alors j'irais interviewé ces gens qui sont talentueux mais anonymes. Je leur donnerait l'occasion de se livrer, de se vendre, de se montrer.

En espérant qu'un jour, ne serait-ce qu'une seule personne découvre un de ses artistes préférés par ce biais.

Et montrer au monde entier que ce n'est pas parce qu'on ne fait pas de la création son métier, qu'il n'en est pas le moteur d'une vie.